Autrefois morcelé, le réseau de transport et de distribution d’électricité français a connu un mouvement progressif d’expansion et d’unification destiné à assurer l’accès égal de tous les Français à la « fée électricité ». Néanmoins, en raison de leur éloignement géographique, certaines régions extracontinentales françaises échappent à cette règle. Explications.
Définition
En France, toutes les régions ne sont pas approvisionnées en électricité par le même réseau. On observe en effet une différence entre les territoires continentaux, c’est-à-dire la France métropolitaine, et les territoires insulaires. Leur configuration géographique et leurs caractéristiques climatiques nécessitent en effet des modes spécifiques d’approvisionnement en électricité. Encadrés par une législation particulière, ces espaces sont nommés « zones non interconnectées » ou ZNI, au sens où elles ne se rattachent pas au réseau métropolitain.
Les zones concernées
Parmi les zones non interconnectées se trouvent :
- la Corse
- les départements d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, Guyane)
- les collectivités d’outre-mer (Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Wallis-et-Futuna)
- les îles du Ponant (îles de Sein, Molène)
- l’île anglo-normande de Chausey
À noter que la Nouvelle Calédonie et la Polynésie française ont des statuts particuliers. On ne les considère pas comme des ZNI (source : site internet de la Commission de Régulation de l’Énergie).
Quels acteurs pour l’approvisionnement des ZNI ?
Non soumises à la règle de dissociation des gestionnaires de réseaux avec les entreprises intégrées de production d’électricité, en tant que « petits réseaux isolés », les ZNI sont intégralement confiées à des opérateurs historiques français. Ainsi, Électricité de Mayotte (EDM), Eau et Électricité de Wallis et Futuna (EEWF) et EDF Systèmes énergétiques insulaires (EDF SEI) remplissent à la fois le rôle de producteurs, de gestionnaires de réseau et de fournisseurs.
Néanmoins, d’autres producteurs locaux peuvent vendre leur électricité aux opérateurs historiques dans le cadre de contrats d’achat conclus en application d’arrêtés tarifaires, d’appels d’offres ou de contrats de gré à gré. Cela concerne entre autres les producteurs d’énergies renouvelables.
Opérateur | ZNI |
EDF (Électricité de France) | Corse, îles du Ponant, Chausey, La Réunion, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin, Saint-Barthélémy |
EDM (Électricité de Mayotte) | Mayotte |
EEWF (Eau et électricité de Wallis-et-Futuna) | Wallis-et-Futuna |
Carburer à l'électrique n'a jamais été aussi IZI !
J'installe une borneLes modalités de l’approvisionnement énergétique
L’importation massive d’énergies fossiles
La situation insulaire et la petite superficie des ZNI posent de fortes contraintes en termes de production d’électricité. Idem en ce qui concerne le mix énergétique et la gestion du réseau. Elles assurent historiquement l’essentiel de leur production d’électricité grâce à l’importation d’énergies fossiles (gaz, fioul, charbon), qui sont ensuite transformées dans des centrales thermiques.
Par ailleurs, des solutions technologiques spécifiques sont adoptées pour distribuer l’électricité sur le territoire ainsi que pour assurer la maintenance du réseau. Conséquence : le coût de transformation des sources d’énergie, mais aussi celui de la gestion des réseaux, sont nécessairement plus élevés qu’en métropole.
Le principe de péréquation tarifaire
En vertu du principe d’égalité de tous les Français devant les conditions d’accès à l’énergie (la « péréquation tarifaire »), les pouvoirs publics ont mis en place une taxe universelle : la « contribution au service public de l’électricité » (CSPE). Celle-ci sert à financer le surcoût de production de l’électricité consommée dans les ZNI par rapport au tarif en vigueur.
Un équilibre fragile entre offre et demande
Autre caractéristique, problématique, des ZNI : parce que leurs réseaux de distribution couvrent des territoires très limités en taille, ils sont très sensibles aux variations rapides de production ou de consommation électrique.
De ce fait, l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité est sans cesse menacé, multipliant le risque de coupures électriques.
Un potentiel important du côté des EnR
En raison de leur situation géographique, les ZNI ont un potentiel important de production d’énergies renouvelables. Un atout intéressant dans des zones où l’autonomie énergétique permettrait de réduire considérablement des coûts d’acheminement des sources d’énergie. Cela d’autant plus que les territoires à couvrir sont relativement limités en taille.
Ainsi, dans la perspective d’avoir une énergie maîtrisée mais aussi plus responsable, les politiques énergétiques de ces territoires ont donné une place centrale au développement d’énergies vertes. Cette ambition s’exprime notamment à travers la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, que les députés ont adoptée en 2015. Cette dernière a instauré des programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE) pour chaque ZNI.
L’objectif ? D’une part, parvenir à une autonomie énergétique totale des départements et des collectivités d’outre-mer entre 2030 et 2050. Et couvrir 50 % de leur mix énergétique avec des énergies renouvelables d’ici à 2023 (source : CRE).