Pour protéger ses constructeurs et son industrie automobile, l’Europe fait désormais la chasse aux véhicules électriques chinois importés sur le Vieux Continent. La Commission européenne a même récemment proposé d’augmenter les droits de douanes sur les voitures électriques en provenance de l’Empire du Milieu. La menace n’a pas encore été mise à exécution mais devrait prendre effet le 4 juillet 2024. Que sait-on de cette nouvelle taxation ? Eléments de réponse avec IZI by EDF.
L’Union européenne augmente les taxes sur les véhicules électriques chinois
Après les Etats-Unis (qui avaient déjà annoncé une augmentation des taxes sur les véhicules électriques chinois en mai dernier), c’est au tour de l’Union européenne (UE) de pénaliser les constructeurs automobiles chinois en majorant les droits de douanes, passant de 10 % à 38 % (au plus fort, pour certains constructeurs).
Jusque là, les voitures électriques chinoises étaient taxées à 10 %. Mais avec des prix très compétitifs, les voitures chinoises ont commencé à inonder le marché européen. D’après l’institut Jato, ce sont près de 8 % des voitures vendues sur le Vieux Continent qui sont fabriquées en Chine, de marques chinoises (et ce chiffre est en progression chaque année)1.
D’une certaine manière, cette nouvelle taxation permettrait de limiter l’afflux de citadines, berlines et SUV électriques chinois et par la même occasion de protéger les constructeurs européens (Peugeot, Renault, Dacia, Volkswagen, Audi, BMW, Mercedes, Fiat pour ne citer que les principaux).
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Une taxation variable selon le constructeur automobile
Le taux de taxe des véhicules chinois importés en Europe – pour l’heure provisoire – pourrait passer de 10 % à 38 % au plus fort… Au plus haut, car différentes taxations devraient être pratiquées selon le constructeur :
- 38 % pour le groupe SAIC (qui détient MG) ;
- 20 % pour Geely ;
- 17,4 % pour BYD ;
- Et 21 % en moyenne pour les autres constructeurs (Leapmotor, Nio par exemple).
Mais pourquoi différents taux ? Si certaines marques ont coopéré avec l’UE lors de l’enquête menée par la commission européenne sur les aides du gouvernement chinois à destination des constructeurs automobiles, d’autres marques – moins bonnes élèves – n’ont pas souhaité coopérer. Si le dialogue n’évolue pas d’ici le 2 novembre, les taux pourraient être définitifs.
A noter que l’augmentation des taxes devrait aussi concerner des marques non chinoises mais fabriquant en Chine, qui appliqueraient alors 21 % de taxes en moyenne. C’est le cas de Dacia (pour la Dacia Spring) et de Tesla (pour la Tesla Model 3), toutes deux fabriquées en Chine.
Avec de telles taxes, l’électrique Made in China pourrait devenir invendable, à moins que les marques ne rognent sur leurs marges.
Quelles réactions de la Chine ?
Avec l’ultimatum lancé à la Chine par l’UE, Pékin qui avait fait part de son insatisfaction lors du lancement de l’enquête, dénonçant un travail non conforme aux règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), tente maintenant de désamorcer la situation.
Le gouvernement chinois espère « que l’Union européenne reconsidérera sérieusement la situation et cessera de s’engager dans la mauvaise direction », d’après un commentaire publié par l’agence de presse chinoise Xinhua2.
Depuis le lancement de l’enquête en septembre 2023, la Commission européenne a réuni des preuves démontrant que les constructeurs automobiles chinois profitent de prêts accordés par des banques publiques à des conditions préférentielles, de réductions d’impôts, de rabais et d’exonérations.
Aussi, la Chine affirme que l’augmentation des taxes risquerait de ralentir la conversion aux véhicules électriques.
Des voitures électriques fabriquées en Chine, vendues à bas prix… Plus pour longtemps ?
Encore aujourd’hui, les voitures électriques chinoises figurent parmi les moins chères du marché auto. Avec leurs prix attractifs, elles séduisent de plus en plus d’automobilistes. En France, la MG4 est même l’un des véhicules électriques les plus vendus, dans le top 10 de l’année 2023.
Actuellement, c’est même près d’une voiture électrique sur quatre vendue en France qui est chinoise.
Une MG4 est à juste titre accessible à partir de 29 900 € (contre environ 34 000 € pour une Renault Mégane E-Tech). Mais avec la nouvelle taxe douanière de l’Union européenne, une MG4 pourrait coûter dès juillet 2024 aux alentours de 41 000 € !
Une aubaine pour les constructeurs européens qui pourraient dès lors mieux résister à la concurrence…Ou alors subir au contraire de plein fouet les conséquences du conflit commercial. Quand on sait que 40 % des ventes d’Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen se font en Chine4, l’industrie automobile européenne a de quoi s’inquiéter.
Autre scénario qui se profile pour éviter les taxes : rapatrier la fabrication de certains modèles électriques chinois en Europe. Affaire donc à suivre d’ici la fin d’année 2024.
Sources utilisées :
(1) Bourdin, M. (2024, 13 juin). L’Union européenne augmente la taxation des voitures électriques chinoises. RMC. https://rmc.bfmtv.com/actualites/societe/transports/l-union-europeenne-augmente-la-taxation-des-voitures-electriques-chinoises_AV-202406130544.html
(2) Master, F. pour Reuters (2024, 13 juin). La Chine espère que l’UE va reconsidérer l’imposition de droits de douane sur les véhicules électriques, selon la presse. Challenges. https://www.challenges.fr/high-tech/la-chine-espere-que-l-ue-va-reconsiderer-l-imposition-de-droits-de-douane-sur-les-vehicules-electriques-selon-la-presse_896188
(3) Cimino, V. (2023, 31 octobre). Pourquoi l’écart de prix est-il aussi énorme entre les voitures électriques chinoises et les autres ? Automobile Propre. https://www.automobile-propre.com/pourquoi-lecart-de-prix-est-il-aussi-enorme-entre-les-voitures-electriques-chinoises-et-les-autres/
(4) Nidiau, M. (s. d.). Voitures électriques : l’Europe menace d’augmenter fortement les droits de douane (+38 % ) sur les modèles chinois importés. La Tribune. https://www.latribune.fr/economie/international/voitures-electriques-surtaxer-les-vehicules-chinois-serait-nuisible-a-l-ue-estime-pekin-999690.html