En électricité, la norme NF C 15-100 rend obligatoire la séparation du courant fort et du courant faible. S’ils coexistent au sein d’un même système électrique, ces deux types de courants diffèrent du point de vue de leurs caractéristiques et de leurs fonctions. Il est essentiel de connaître ces différences lors d’un chantier de construction ou de rénovation. L’objectif est d’établir un plan d’installation électrique cohérent qui respecte les normes en vigueur. IZI by EDF vous propose un guide explicatif qui vous aidera à mieux appréhender ces éléments incontournables de l’électricité domestique.
Avant tout : qu’est-ce que le courant électrique ?
Le courant électrique désigne la circulation de charges positives et négatives au sein d’un matériau conducteur. Cette circulation est permise par la force électromagnétique : celle-ci interagit avec la matière pour créer l’électricité. Le courant peut être de type continu ou alternatif.
Définition du courant fort
Le courant fort sert à transporter l’énergie électrique. Il va notamment être utilisé pour l’éclairage, les prises du courant, le chauffage électrique et l’ensemble des appareils électroménagers. Tous les appareils qui restituent de l’énergie, donc de la chaleur, ont besoin du courant fort pour fonctionner.
Les normes pour l’installation du courant fort
La norme NF C 15-100 préconise un nombre minimum de prises électriques dans les logements, avec des règles différentes suivant les pièces (salon, cuisine, chambres, salle de bains…). Le but est de garantir le bon fonctionnement de l’installation et sa sécurité, avec une quantité maximum de prises par circuit électrique (jusqu’à 12 prises raccordées à un disjoncteur 16A).
Définition du courant faible
Le courant faible sert à transporter de l’information, également appelée signal électrique. Il permet d’alimenter les interphones, les alarmes, la téléphonie, le réseau informatique, les objets connectés ; en somme, tout ce qui transmet des données et non de la puissance.
L’ensemble des innovations lié à la domotique tend à donner plus d’importance au courant faible qu’auparavant : alors qu’on le retrouvait seulement au niveau des prises antenne et téléphone, il constitue désormais un véritable réseau par l’intermédiaire des prises RJ45. Grâce à ces prises, l’ensemble des câbles du réseau de communication est rattaché à la box Internet. La présence de prises RJ45 implique par ailleurs la mise en place d’un coffret de communication, installé à côté du tableau électrique. Le tableau de télécommunication est également appelé coffret Voix-Données-Images (VDI).
Les normes pour l’installation du courant faible
La norme NF C 15-100 est appliquée aux constructions neuves ainsi qu’aux rénovations qui induisent une nouvelle installation électrique. Pour le courant faible, cette norme préconise un nombre minimal de prises réseau RJ45 selon le type de logement, avec l’installation d’au moins deux prises juxtaposées dans le salon.
Intensité et potentiel du courant fort et du courant faible
Le danger d’un courant électrique tient de la conjugaison de l’intensité (exprimée et mesurable en ampères) et du potentiel (exprimé en volts). C’est au niveau de l’intensité que la différence entre courant fort et courant faible est la plus importante.
Le premier a une intensité comprise entre plusieurs centaines de milliampères et plusieurs kiloampères, alors que le second varie entre quelques microampères et 10 milliampères au maximum. C’est pour cette raison que le courant fort tient aussi son nom du danger qu’il représente pour les personnes.
Au niveau du potentiel, la différence est importante mais les rapports n’ont rien à voir avec l’intensité. En France, le courant fort domestique est de 230 volts et le courant faible dépend du type de prise : 5 volts pour une prise USB et 48 volts pour une prise Ethernet RJ45. Certains appareils sont aussi compatibles avec une très basse tension de sécurité, inférieure à 120 V.
Les appareils alimentés par les deux courants
Certains objets, de par leur nature, peuvent avoir besoin du courant fort et du courant faible pour fonctionner. La télévision, par exemple, a besoin de l’énergie électrique provenant de la prise de courant pour alimenter la lumière de son écran, et de l’information provenant d’une prise antenne ou d’une prise réseau pour diffuser les différentes chaînes.
C’est également le cas de l’ordinateur, qui a besoin de courant fort pour faire fonctionner ses différents éléments (carte mère, processeur, carte graphique, écran…) et qui va utiliser l’information apportée par le courant faible pour se connecter sur Internet.
D’autres objets connectés vont être dans le même cas : la box Internet, le lecteur Blu-ray, la console de jeux, etc.
L’importance de séparer courant fort et courant faible
Le courant fort et le courant faible coexistent au sein d’une même installation électrique et permettent de faire fonctionner beaucoup d’appareils différents. Ils sont regroupés au sein l’espace technique électrique du logement (ETEL) – à ne pas confondre avec le TGBT d’un immeuble d’habitation collective. L’ETEL est l’emplacement dédié à l’ensemble des arrivées et départs du réseau électrique. Attention toutefois : coexistence ne signifie pas interaction !
Le courant faible et le courant fort doivent absolument être isolés l’un par rapport à l’autre et posséder des gaines dédiées. En effet, les deux courants produisent chacun un champ électromagnétique : celui du courant fort, plus important, est susceptible de perturber le courant faible. Le risque est que les perturbations induites gênent ou empêchent la bonne transmission des informations.
En somme, les arrivées sont regroupées dans l’espace technique, mais les câbles RJ45 et les câbles électriques traditionnels sont séparés au niveau de la circulation. Techniquement, cela signifie que les goulottes doivent être équipées d’un séparateur entre les câbles ; il faut en outre éviter les croisements entre les câbles, ou si c’est impossible réaliser les croisements à 90 °, dans le but d’empêcher d’éventuelles perturbations.
Courant fort et courant faible : quels professionnels ?
D’ordinaire, on considère que les spécialistes en courant faible sont les domoticiens. Ces derniers ont pour mission de rendre les maisons plus intelligentes en utilisant des techniques de commande à distance et de programmation. Les techniciens communication ou techniciens réseau sont également habilités à intervenir sur le courant faible, notamment au niveau de la maintenance.
Les électriciens sont les professionnels qui interviennent sur toutes les problématiques liées au courant fort. Au-delà de cette division du travail, de plus en plus de professionnels cherchent à maîtriser les deux familles de courants, afin de proposer des solutions globales aux particuliers, le tout en respectant la norme NF C 15-100.